Brian Ferry, le retour de l'aristo de la pop


Vingt-huit ans après Avalon, son dernier album, Roxy Music n'avait jamais semblé aussi proche d'un nouveau disque. Reformé par intermittence, depuis 2002, pour des petites séries de concerts, le groupe phare du art-rock anglais, créé au début des années 1970 par Bryan Ferry, Brian Eno, Phil Manzanera, Paul Thompson et Andy McKay, était, paraît-il, retourné en studio, et s'inscrivait au programme de plusieurs festivals d'été.
En affichant le mannequin phare Kate Moss en vamp fatale, la pochette du disque Olympia, qui vient de sortir, prolonge l'illusion de ce retour, comme si on se retrouvait aux plus belles années du glam, quand Jerry Hall ou Amanda Lear illuminaient les couvertures d'albums de Roxy Music comme Siren ou For Your Pleasure. Mais, si plusieurs membres du groupe sont au générique du disque, Olympia se présente finalement comme un nouvel album solo du chanteur, Bryan Ferry.
"Au départ, j'avais prévu un album de Roxy Music", confirme Ferry, affichant à 65 ans une insolente prestance, dans un costume de velours bleu mettant en valeur son teint hâlé et ses yeux azur. Il poursuit : "J'ai finalement pensé que ce n'était pas une bonne chose. L'héritage de Roxy est si fort qu'après toutes ces années le groupe ne peut revenir qu'avec un album audacieux, plus expérimental et abstrait. Une bande originale de film serait sans doute idéale."
Cela n'empêche pas d'estimer, à l'écoute d'Olympia, joliment partagé entre funk sensuels, rock oniriques et ballades crépusculaires, que le 13e album solo de Ferry est son meilleur, sans doute, depuis Boys & Girls (1984). Et qu'il sonne comme un honorable 9e opus de Roxy Music. "Cela tient à mon retour au piano", analyse le chanteur. "J'engage généralement un clavier mais mon producteur a insisté pour que je joue. Or, la base du son Roxy était ce jeu, pas très technique mais inhabituel."
Né à Washington, dans le comté de Durham, au nord-est de l'Angleterre, ce fils d'un éleveur de chevaux de mine est devenu un aristo de la pop en greffant ses passions d'étudiant en art à un rock dont les excentricités formelles, les partis pris ironiques et glamour requinquèrent la scène des années 1970.
A l'aube des années 1980, Roxy Music optait pour des chaloupements voluptueux, moins novateurs mais de grande classe, que le gentleman crooner a continué d'exploiter en solo.
Si le guitariste Phil Manzanera, le saxophoniste Andy McKay et même les synthétiseurs de Brian Eno apparaissent dans quelques titres d'Olympia, d'autres musiciens sont venus aider un chanteur qui avoue composer de plus en plus lentement.
Parmi les invités, de vieilles connaissances comme le guitariste de Pink Floyd, David Gilmour, et celui de Chic, Niles Rodgers. "Niles est un génie de la guitare rythmique, estime le beau Bryan. Il raconte toujours qu'il a eu l'idée de Chic après avoir vu à la télé Roxy Music chanter Love Is the Drug."
Chaque nouvelle génération de rockers, surtout quand elle est préoccupée d'avant-garde, cite facilement Roxy Music comme influence majeure. Aussi Ferry n'a pas de mal à s'entourer de jeunes musiciens. Aux côtés de l'un de ses quatre fils, le batteur Tara Ferry, 20 ans, on trouve des noms comme Jonny Greenwood, guitariste de Radiohead, des membres des Scissor Sisters, ou encore Mani, le bassiste de Primal Scream, et Flea, celui des Red Hot Chili Peppers. "Flea fait un petit solo dans Heartache by Numbers, avec la basse la plus chère du monde, s'amuse le chanteur, une Fender customisée avec des papillons par son ami, l'artiste Damien Hirst. "
Brian Ferry a été l'élève du peintre pop Richard Hamilton, à l'université de Newcastle. Il reste un passionné d'art visuel mais la création contemporaine l'intéresse moins que les artistes britanniques du début du XXe siècle, dont il est devenu l'un des collectionneurs de pointe.
Après quelques albums solos (Frantic, Dylanesque...) dont les pochettes étaient aussi pâlottes que la musique, Bryan Ferry a donc, avec Kate Moss, ancré celle d'Olympia dans la brillante tradition de Roxy Music.
Il en rappelle la genèse : "Au début des années 1970, les groupes posaient dans la rue en jouant aux durs. Je ne trouvais pas ça très attirant. Avec l'aide du styliste Antony Price, qui m'a de nouveau aidé pour cet album, nous avons créé des pochettes proches d'une esthétique liée au glamour et au pop art."
Si Olympia est le nom du studio dans lequel Ferry a passé des années à concevoir cet album, il est aussi celui d'une célèbre peinture d'Edouard Manet. "Un tableau à l'époque très moderniste et controversé. Un des premiers, peut-être, à représenter une pin-up", ajoute celui dont on a dit un jour qu'avec son élégance il mériterait d'être accroché à la Tate Gallery de Londres.

Le Monde

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